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Moon Ate the Dark / Tiago Benzinho / Andre Lodemann

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Moon Ate The Dark - Moon Ate The Dark

Après le fabuleux album de Dictaphone, le label Sonic Pieces sort ce mois-ci le projet de la pianiste galloise Anna Rose Carter et du canadien Christopher Brett Bailey. L’an passé, on avait pu retrouver la pianiste aux côtés de Pleq sur le délicat et mélancolique "My Piano Is Broken". Elle revient cette fois-ci entourée de celui qui va réussir à absorber la ronde des notes de son piano dans des fractures de densité et de profondeur.

Dès la première piste, Explosions In a Four Chambered Heart, c’est une matière noire qui vient petit à petit faire chanter le piano d’Anna. Il y a là un dialogue, entre la clarté du piano et les drones mugissants. Ce sont alors ces forces contraires qui dansent et s’apprivoisent. Le vent est noir, les bourrasques plus fortes, mais les notes virevoltent et tiennent bon. Sur In Fiction, point d’articulation de l’album, Bailey façonne une brève plongée plus expérimentale dans l’angoisse des films d’horreur. La grâce du morceau suivant, She/Swimming, n’en est que plus frappante.


Ecoutez un extrait 

"Moon Ate The Dark" est un album marqué par la circulation de la lumière dans un brouillard sombre, au bord de l’instabilité. Un album en suspension, dans les prémices d’un orage.

 

 

 

Tiago Benzinho - Roses of Times I & II

Deux volets, deux miroirs qui se parlent et se reflètent l’un dans l’autre. En un double album, le portugais Tiago Benzinho parvient à peindre des étendues sonores particulièrement cinématographiques et puissantes. Sur "Roses of Times I", la présence du piano est centrale. Quelques arrangements électroniques, parfois. Des cordes, souvent.

Avec Happiness is Contentment and Contentment is Death, les notes se superposent et portent les contrastes. Dans l’exaltation des notes qui se répondent, il y a alors le saisissement d’une beauté fugitive. Et dans l’envolée progressive des notes, la résonance d’une douleur. Piano et cordes s’enfuient et se répondent, sous les crissements de la menace, au sein de Wild Swans Shall Never Be Conquered. La beauté fulgurante de la tristesse émane des chœurs, sur A Strange Way Of Being. La force d’un chant impose alors le silence.


Ecoutez un extrait 

Dans le second volet, "Roses of Times II", plus ambient, les envolées lyriques du piano se sont tues. L’ombre d’évènements meurtriers plane au travers de certains titres, comme les accès de violence à Rio de Janeiro en novembre 2010. Des fantômes errent dans des brouillards immobiles, on déambule dans l’Histoire, et les sirènes du passé deviennent le chant de la destruction. Bande originale d’une épopée à travers les émotions et le temps, mouvant entre fantasme et réalité, ce diptyque agit comme un tourbillon.

 

 

 

 

Andre Lodemann - Fragments

Andre Lodemann a baigné dans la techno de Berlin Est au début des années 90 ainsi que dans le mouvement trance, et cela s’en ressent sur son premier album "Fragments" au flux deep-house. Rassemblant des titres plus ou moins anciens, l’album de celui qui a été DJ pendant plus de vingt ans est une jolie démonstration de son talent encore vivace.

Une introduction progressive, de délicieuses ponctuations de jazz font de Your Choice un morceau imparable dès le démarrage. Les mélodies accrochent sur une cadence deep-house, tandis que certaines sonorités nous ramènent à la techno. Des notes de piano trainent, faussement lascives, sur la ligne de basse. Piste centrale de l’album, The Light se révèle particulièrement grisante. La pulsation ondule au plus près du corps qu’elle vient confier à un abandon rassérénant. Le beat se fait ensoleillé, comme sur Unknown Desire, et parfois l’immersion se densifie sur un morceau tel que Vehemence Of Silence.


Ecoutez un extrait 

Au fil des pistes, Andre Lodemann parvient à déjouer l’attendu, et insuffle des mélodies lumineuses auxquelles le corps se refuse de décrocher. Bien que le second disque de remixes se révèle superflu et que les deux morceaux vocaux de "Fragments" ont un rendu discutable, cet album électrise en douceur nos terminaisons nerveuses.

 

Aurélie Scouarnec


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